En France, la publication en ligne de nouvelles, poèmes et romans est apparue au début des années 2000. Initiés par des passionnés, de nombreux forums d’écriture coopératifs ont vu le jour, développant des concepts plus ou moins similaires. Beaucoup ne survivront pas, faute d’avoir développé une communauté suffisamment importante. Dans les années 2010, ce sont des structures professionnelles qui vont prendre la main pour proposer aux auteurs des vitrines pour leurs textes.
Les mastodontes de la publication en ligne
Fondé en 2006 aux États-Unis, Wattpad arrive en France en 2015. Il revendique… 4 millions d’auteurs selon Wikipédia. Phénomène culturel adolescent outre-atlantique, le site a permis a quelques écrivains de sortir du lot en construisant une solide fan-base. Les points faibles sont la qualité des commentaires et l’aspect microcosme propre aux réseaux sociaux.
Le site permet aux auteurs de mettre en ligne leurs textes sous format PDF. Ils peuvent proposer des extraits (avec lien vers un site marchand) ou des œuvres intégrales. L’optique est assez commerciale, un des buts étant clairement de vendre des services aux auteurs (corrections, mise en avant sur le site…). Les commentaires sur monBestSeller sont plutôt rares par rapport au nombre de lectures mais sont souvent de qualité.
Start-up française, Shortédition a su s’inscrire dans le paysage culturel institutionnel et bénéficie de l’appui d’un certain nombre de grands auteurs français. Chaque inscrit peut poster ce qu’il veut sur son compte ou participer aux concours saisonniers. La ligne éditoriale privilégiant le consensus mou, les textes sélectionnés sont rarement bouleversants… Le niveau des commentaires n’excède pas le « Supermegalol ! » et ils servent souvent aux «commentateurs » à poster le lien de leurs propres œuvres immortelles. Bref, vous obtiendrez quelques centaines de lectures, mais pas grand-chose de plus… en cédant vos droits pour dix-huit mois… (si, si !)
Les sites coopératifs
Je vous parle d’un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître… Lancés par des passionnés partageant l’esprit coopératif des débuts de l’ère internet, de nombreux forums ont vu le jour au début des années 2000. Beaucoup ont rendu l’âme depuis, mais quelques uns sont encore aujourd’hui des sites de référence.
Un des derniers venus dans le secteur des forums d’écriture, Scribay bénéficie d’un design moderne et d’une communauté importante. Le site est recommandé pour les débutants souhaitant recevoir des conseils et des commentaires. Le partage est au cœur du concept et permet de recevoir des retours souvent intéressants sur ses écrits.
Le site précise sur sa page d’accueil qu’il est conçu sur la réciprocité : chaque inscrit s’engage à lire et commenter les textes des collègues. Bien structuré, le site permet d’importer des images pour illustrer des extraits ou des œuvres intégrales. Il offre également aux auteurs la possibilité de protéger leurs textes.
Recommandé également pour les débutants, Le monde de l’Ecriture permet de poster poèmes et nouvelles et de recevoir des retours utiles. Le ton est très « friendly » et la communauté importante. Les forums engendrent des débats d’un bon niveau. Le site reste un must du secteur et privilégie la liberté (dans le respect mutuel, cela va sans dire).
Lancé en 2006 dans l’optique de publier surtout des nouvelles, Oniris est devenu en quelques années la référence pour les amateurs de poésie, en particulier classique. On y trouve des débutants mais aussi d’excellents poètes contemporains. Le comité éditorial sélectionne entre 30 et 40 % des envois selon les périodes. Le plus d’Oniris, c’est que chaque texte est corrigé deux fois, ce qui donne un niveau de publication quasi professionnel.
J’espère vous avoir donné envie d’aller visiter quelques uns de ces sites qui ont leurs qualités et leurs défauts… La publication en ligne mène à tout… à condition d’en sortir ! Si l’édition traditionnelle ouvre depuis quelques années un œil sur le net, il est assez rare que celui-ci révèle des auteurs voués à devenir « professionnels ». C’est-à-dire capables de s’inscrire dans les tendances recherchées par les maisons d’édition, plutôt frileuses et conservatrices.